Le marché des changes a perdu un acteur important cette semaine: la Chine. Pendant cinq jours, les habitants du Céleste Empire célébreront le Nouvel An du calendrier lunaire, créant ainsi un vide d'information sur les perspectives du processus de négociation entre Beijing et Washington. Ce sujet a été mis en avant après la publication de données contradictoires NFP, de sorte que le marché doit donc rediriger son attention sur d'autres facteurs fondamentaux.
En particulier, les traders de la paire AUD/USD se sont concentrés sur la prochaine réunion de la Reserve Bank of Australia, qui se tiendra demain, le 5 février. Et bien que personne ne s'attende à ce que la RBA prenne des décisions, la rhétorique de son président peut influencer la dynamique de la paire, provoquant une volatilité assez forte.
Rappelons que début janvier, «l'Aussie» a franchi la barre de 0,70 et a atteint début février un pic de prix locaux - la barre de 0,7298. Une croissance significative de près de 300 points est due principalement à la faiblesse de la devise américaine, qui est sous le joug de la position de «pigeon» de la Fed. Le dollar australien n'a pas ses propres arguments en faveur du renforcement, compte tenu des données récentes sur la croissance du PIB chinois, ainsi que de la situation difficile sur le marché des produits de base. Mais même l'affaiblissement du dollar américain n'a pas permis aux taureaux de la paire AUD/USD d'entrer sur le marché à 0,73, ce qui constitue la priorité du mouvement du Nord. Et la réunion de demain de la RBA ne peut que renforcer l'humeur baissière de la paire.
La semaine dernière, les principaux indicateurs de la croissance de l'inflation australienne ont été publiés. Et bien qu'ils se trouvent dans la «zone verte», dépassant les prévisions pessimistes des experts, ils ne peuvent être qualifiés d'encourageants. En outre, cette publication a permis de confirmer que la RBA ne modifiera pas les paramètres de la politique monétaire dans un avenir prévisible dans la direction d'un resserrement (alors que le «renversement» n'est pas du tout exclu). Ainsi, l'indice des prix à la consommation en termes annuels pour le quatrième trimestre de l'année dernière s'est établi à 1,8% (avec une prévision de 1,7%), poursuivant ainsi la tendance à la baisse de son deuxième trimestre consécutif. Sur une base trimestrielle, l'inflation a atteint 0,5%, alors qu'au cours des trois trimestres de 2018, elle était au niveau de 0,4%.
Les données récentes sur le marché du travail en Australie ont également laissé une impression ambiguë. D'une part, le taux de chômage est resté à 5% (avec une prévision de croissance pouvant atteindre 5,1%) et l'augmentation du nombre de personnes occupées a dépassé les attentes des analystes. Mais en même temps, la structure de cette publication est très pessimiste. Le fait est que l'augmentation de l'emploi au cours du dernier mois de l'année était entièrement due à l'emploi à temps partiel. Mais le plein emploi, au contraire, a diminué de 3 000, poursuivant la tendance négative. Ce facteur affecte la dynamique de la croissance des salaires, car les postes à temps plein offrent généralement des salaires plus élevés et un niveau de sécurité sociale plus élevé.
Il n'est donc pas surprenant que le niveau de confiance des consommateurs australiens soit fortement à la baisse, en particulier dans le contexte d'un effondrement des marchés des actions à la fin de l'année dernière et d'une chute des prix du logement. En outre, une grave sécheresse en Australie a déjà des conséquences économiques. Les experts prévoient notamment une baisse importante de la production de blé et le nombre de bovins dans le pays pourrait tomber à un niveau record ces 15 dernières années.
Tout cela laisse à penser que la Banque de réserve d'Australie, lors de sa première réunion cette année, pourrait adopter une position extrêmement souple, mettant la pression sur la monnaie nationale. Selon de nombreux analystes, la RBA révisera les prévisions de croissance du PIB cette année et l'année prochaine à la baisse, tout en annonçant une baisse des dépenses de consommation. Rappelons que lors de sa réunion de novembre, le régulateur australien avait prédit une croissance économique de 3,5% en 2018, alors que les chiffres réels étaient nettement inférieurs - 2,8%. Compte tenu de ce qui précède, la Banque centrale peut réviser considérablement ses prévisions concernant les perspectives pour cette année et 2020.
Certains experts préviennent que le président de la RBA pourrait faire allusion à une possible réduction des taux d'intérêt. Cependant, il est plus probable que le prudent Philip Lowe ne précipite pas les choses, surtout jusqu'à la fin du processus de négociation entre les États-Unis et la Chine. D'autre part, il peut préciser d'une manière voilée que la Banque centrale est hypothétiquement prête à une telle évolution des événements - si, dans son discours, il n'y aura aucune déclaration selon laquelle «la prochaine action du régulateur concernant le taux d'intérêt sera probablement à la hausse». Mais un tel scénario est presque impossible: il est peu probable que le régulateur australien provoque une volatilité accrue dans une paire sans nécessité extrême.
Ainsi, les résultats de la réunion de la RBA de demain pourraient ramener l'AUD / USD au premier niveau de support de 0,7160 (limite inférieure du nuage Kumo sur le graphique journalier). Si le régulateur adopte une position plus souple, la paire atteindra 0,70, où elle «rencontrera» ses acheteurs.
