La chute des indices boursiers américains et les discussions incessantes sur l'escalade du conflit commercial entre les États-Unis et la Chine privent le Rouble russe d'atouts importants. D'autant plus que le Brent, qui craint une deuxième vague de pandémie, n'est pas pressé de poursuivre son rallye et se négocie près de la marque psychologiquement importante de 30 dollars le baril. Il est peu probable qu'une période d'imposition fiscale commençant dans quelques jours (les paiements d'impôts soient estimés à 1,6 billion de roubles) et une augmentation des ventes de devises étrangères par le ministère des Finances à 154 millions de dollars par jour aideront la monnaie de la Fédération de Russie dans le cadre de la mise en œuvre de la règle budgétaire. Les cotations USD / RUB dépendent davantage du contexte externe que des facteurs internes.
Malgré la stabilité du Rouble, il faut comprendre que l'épreuve par la pandémie est plus difficile pour les pays en développement que pour les pays développés. Ces derniers ont la possibilité d'augmenter la dette dans les monnaies nationales, en plus de leurs taux extrêmement bas, et souvent négatifs, comme dans la zone euro et le Japon. Les marchés émergents ne disposent pas de telles préférences, ils ne peuvent pas se permettre de lancer un assouplissement quantitatif (QE), mais ne comptent que sur la réduction des taux et sur les fonds formés en temps normal. Dans le même temps, les pays en développement sont fortement dépendants de la Chine, le plus grand consommateur de matières premières. À cet égard, la menace d'une reprise de la guerre commerciale entre Washington et Pékin est une épée de Damoclès suspendue au-dessus des têtes des «ours» sur l'USD/RUB.
Selon un accord commercial conclu en janvier dans le cadre de la première phase, l'Empire du Milieu devrait augmenter ses achats de produits agricoles américains de 80 milliards de dollars sur deux ans, dont 36,5 milliards de dollars en 2020. En fait, en janvier-mars, il s'agissait du chiffre de 3 milliards de dollars, mais les principaux négociateurs, le vice-premier ministre de la Chine, Liu He, le représentant commercial des États-Unis, Robert Lightheiser, et le secrétaire américain au Trésor, Steve Mnuchin, sont convaincus que la totalité du volume des engagements sera exécuté à la fin de l'année, mais si quelque chose ne va pas, cela conduira à une augmentation des droits d'importation par la Maison-Blanche, à l'affaiblissement de yuans, et à la croissance de la propagation de la volatilité des devises des pays en développement et des pays développés. C'est la dernière chose dont la Russie et les autres États émergents ont besoin à l'heure actuelle.
Évolution de la volatilité des monnaies des pays en développement et des pays développés
Les mauvaises nouvelles pour le rouble viennent aussi du marché boursier américain. Les "taureaux" du S&P 500 ont finalement réalisé qu'ils étaient trop présomptueux à propos de la reprise en forme de V de l'économie américaine. L'euphorie passe progressivement, tout comme le désir d'acheter ce qui est bon marché. La prise de bénéfices sur les positions longues est lourde d'une baisse continue des indices boursiers, d'une détérioration de l'appétit pour le risque mondial et d'une augmentation de la demande d'actifs refuges, principalement le dollar américain.
N'oublions pas que les débuts de la crise constitutionnelle dans l'Union européenne, l'incapacité des ministres des Finances de la zone euro à s'entendre sur une relance budgétaire et les questions non résolues sur le Brexit pèsent sur l'économie du partenaire commercial clé de la Russie – l'Union européenne. Ses problèmes, les risques géopolitiques persistants, la faiblesse de l'économie de la Fédération de Russie et la vente sur le marché des actions américaines créent des conditions préalables pour les achats USD/RUB sur la rupture de la limite supérieure du triangle près de 74,9 et le niveau de pivot 75,5.
USD/RUB, graphique journalier
