Aujourd'hui, la paire euro-dollar a connu une correction, suite à une croissance presque sans recul de trois jours. Le momentum haussier s'est estompé hier, dès que le prix a atteint 1,2180. Apparemment, les traders étaient incertains quant à la capacité de la paire à surmonter ce niveau de résistance et à se fixer dans la zone des 0,20. Ces doutes ont entraîné une prise de bénéfices massive et énormément de positions courtes dans l'espoir d'une correction. Le résultat n'a pas tardé à venir: la paire s'est effectivement corrigée, mais en même temps elle n'a pas dépassé le seuil des 0,21. Toutefois, les bears ont également échoué à développer un momentum baissier, puisque les acheteurs de l'EUR/USD étaient actifs près du niveau de support de 1,2100 (la bande centrale de Bollinger, qui coïncide avec la ligne Tenkan, comme pour nous rappeler que la tendance haussière est toujours valable.
Il convient de noter qu'en tant que tel, il n'y avait pas de raison pour la correction de la paire aujourd'hui - le dollar a nettement fortifié ses positions à travers le marché dans le contexte d'une vive hausse du rendement des bons de 10 ans du Trésor. L'indicateur était de 1,425% au début de la session américaine - la dernière fois que le rendement de ces obligations a été à ce niveau, c'était il y a un an, en février 2020. Voilà tout, en fait: il n'y a pas d'autres arguments de poids pour la réévaluation du billet vert. Dès que le niveau de profitabilité a commencé à reculer, le dollar a donc suivi, restituant ainsi les points gagnés.
Plusieurs conclusions peuvent être tirées en prenant en considération de telles fluctuations. D'abord, il est nécessaire de prendre note du niveau de support de 1,2100. Il faut le garder à l'esprit lorsque vous ouvrez des positions courtes sur les replis correctifs de l'EUR/USD. Ensuite, soyez attentif au cours plafond temporaire de la fourchette de prix établie - la marque des 1,2180 (la frontière supérieure du nuage Kumo, qui coïncide avec la bande supérieure de Bollinger sur D1). Les traders ont tenté de surmonter cet objectif à six reprises (!) sur une période de deux jours, mais toutes leurs tentatives ont échoué. Cela suggère qu'il y a ici un niveau de résistance, qui ne permet pas aux acheteurs de l'EUR/USD d'approcher les frontières des 0,22. Par conséquent, nous avons une fourchette de prix relativement large de 80 points, entre 1,2100 et 1,2180, à l'intérieur de laquelle la paire a erré ces deux derniers jours, en attendant la prochaine impulsion informationnelle.
Globalement, le contexte fondamental général pour la paire EUR/USD nous permet de compter sur une croissance réussie de la paire. Les pullbacks correctifs baissiers sont techniquement inévitables et même nécessaires afin de développer une tendance de croissance. Les baisses du prix peuvent être une raison d'ouvrir des positions longues, indiquant comme cible les niveaux de résistance les plus proches. Pour l'instant, ce niveau est l'objectif de 1,2180, puisque les traders ont déjà pu vérifier sa stabilité.
Le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, a fait pression durant son discours de deux jours au Congrès, mais il n'a pas aidé les haussiers de l'EUR/USD à parvenir au seuil des 0,22. Dans le cadre de son speech d'hier, il a reconnu que l'économie américaine était au tout début d'un "chemin de réhabilitation", et qu'elle mettrait beaucoup de temps à revenir aux niveaux cibles d'inflation et d'emploi. Dans le même temps, il a admis que la Fed pouvait utiliser tous les leviers d'influence qui s'offrent à elle, utilisant de "tout l'arsenal des outils de politique monétaire".
Dans le speech d'aujourd'hui, Powell est devenu inquiet au sujet de la dynamique des principaux indicateurs macroéconomiques. Particulièrement, il a dit que le marché du travail vit un "rabattement considérable", et que l'inflation connaît une croissance ralentie et incertaine. Selon lui, il faudra plus de trois ans pour consolider les attentes sur l'inflation autour des 2% ciblés ("ou légèrement plus haut").
En d'autres termes, Powell a fait passer un message très clair: que les paramètres actuels de la politique monétaire peuvent uniquement être changés dans le sens d'un assouplissement. A propos, Lael Brainard (membre du Conseil des gouverneurs) a également parlé aujourd'hui, exprimant des commentaires assez dovish, évaluant les chances d'augmentation des indicateurs d'inflation et d'emploi avec pessimisme. D'après elle, le vrai taux de chômage aux Etats-Unis se situe actuellement aux alentours de 10% (un chiffre beaucoup plus élevé que le chiffre officiel de 6,3%), alors que la situation d'emploi est "une priorité absolue dans la détermination de la politique monétaire". Concernant l'inflation, Brainard a repris la thèse de Powell pratiquement mot pour mot, soulignant que l'économie est "encore très loin" de l'inflation cible. Ces conclusions sombres de la part des représentants de la banque centrale américaine exercent, de tout évidence, beaucoup de pression sur le billet vert.
La devise européenne, quant à elle, a reçu à nouveau un coup de pouce de la part des statistiques macroéconomiques: un rapport sur la croissance du PIB de l'Allemagne au quatrième trimestre. L'estimation finale s'est avérée meilleure que l'initiale: en termes trimestriels, l'indicateur était à 0,3% (au lieu de 0,1), et en termes annuels, il était à -2,7% (l'estimation première étant de -2,9%). La parution de ces chiffres s'ajoute au puzzle original et indique le rétablissement de l'économie européenne. Dois-je vous rappeler qu'avant cela, les indices des IFO, ZEW et PMI étaient en zone verte.
Ainsi, comme les haussiers du dollar n'ont pas réussi à prendre leur revanche, vous pouvez considérer les positions longues sur la paire EUR/USD, soit à partir des positions actuelles, soit avec le prochain pullback correctif. Comme mentionné plus haut,le premier objectif pour le mouvement de croissance est le 1,2180: c'est la frontière supérieure du nuage Kumo, qui coïncide avec la bande supérieure de Bollinger sur D1. Parvenir à cet objectif permettra aux acheteurs de l'EUR/USD d'atteindre les 0.22.