Sur fond du cinquième super-cycle de croissance, qui a débuté sur le marché des matières premières au cours de l'hiver, les références pétrolières ont progressé pour le quatrième mois consécutif. Ainsi, le Brent a déjà gagné 30% depuis le début de l'année, franchissant le seuil pandémique des 65$.
Compte tenu de la reprise de la demande de pétrole et de la réduction significative de ses réserves de pétrole accumulée pendant la pandémie, les experts suggèrent que les prix du pétrole pourraient grimper encore plus haut. Au cours du second semestre de l'année, le pétrole a une chance de gagner encore 10% et de s'envoler ainsi jusqu'à 74$.
À court terme, le principal moteur de sa croissance pourrait être le succès des campagnes de vaccination dans le monde et une amélioration de la situation épidémiologique et économique mondiale. Cependant, actuellement, les nouvelles concernant le coronavirus pèsent sur le marché pétrolier.
L'augmentation alarmante des cas de Covid-19 observée ces derniers jours dans les pays asiatiques sape les espoirs d'une nouvelle reprise de la demande mondiale. Après l'annonce d'une situation épidémiologique compliquée en Inde lundi matin, le pétrole poursuit son mouvement de baisse entamé la semaine dernière.
Au moment de la rédaction de cet article, les contrats à terme sur le pétrole Brent pour le mois de juin ont perdu 0,39%, tombant au niveau de 65,85$. Pendant ce temps, le contrat de juillet a chuté de 0,34% au niveau de 65,2 $. Le WTI a également enregistré une baisse de 0,26% à 61,98$.
Les experts alertent que les prix du pétrole pourraient souffrir des conséquences négatives du coronavirus jusqu'en 2024. Toutefois, le marché pétrolier pourrait ne pas s'effondrer à cause de la pandémie. Le facteur clé qui exercera une forte pression sur les cours sera le développement rapide des énergies vertes.
Récemment le groupe de recherche britannique Wood Mackenzie a publié ses prévisions à long terme, décevantes pour le pétrole. Selon le rapport des analystes, la demande de pétrole diminuera dans deux ans. Au milieu du siècle, elle diminuera d'environ 70% par rapport à la valeur actuelle.
La demande d'hydrocarbures diminuera de façon spectaculaire si les dirigeants économiques mondiaux restent déterminés à mettre en œuvre l'accord de Paris sur le climat. Cet accord implique le passage à des sources d'énergie alternatives afin d'empêcher la poursuite du changement climatique.
Les analystes britanniques estiment que le plus grand danger pour le marché pétrolier sera l'électrification du secteur manufacturier et de l'industrie des transports. Si tel est le cas, d'ici la fin de la décennie, le coût du pétrole Brent pourrait tomber à 37 dollars le baril. En 2050, il pourrait tomber à 10 dollars.
Les analystes des matières premières considèrent ces chiffres comme farfelus et irréalistes, car le secteur des transports ne représente actuellement que 65% de la consommation mondiale de carburant. De plus, il s'agit du chiffre total pour l'industrie automobile et l'aviation, et cette dernière n'a pas encore annoncé son passage à une approche neutre en carbone. Pour cette raison, l'électrification des transports ne se produira pas de sitôt sur le marché des matières premières. C'est pour cette raison qu'il est peu probable que les prix du pétrole atteignent des niveaux critiques en quelques années seulement.
Naturellement, avec le temps, la demande de carburant dans le secteur des transports pourrait diminuer sensiblement en raison de la croissance rapide du marché des moteurs électriques. Toutefois, il faudra beaucoup plus de temps pour que la révolution verte s'installe dans l'industrie manufacturière et dans d'autres secteurs. Ici, le pétrole n'est pas seulement utilisé comme source de carburant, mais aussi comme élément crucial pour l'obtention d'autres produits qui assurent le dynamisme de la production.
Certains experts estiment que tant que les grandes industries n'abandonneront pas complètement les produits pétroliers, les prix du pétrole resteront plus ou moins au même niveau. Les prévisions les plus optimistes suggèrent une augmentation du pétrole entre 80 et 100 dollars. Des prévisions plus réalistes estiment que le prix passera de 60 à 65 dollars le baril.
Les experts en matières premières ne nient pas qu'au cours des dix prochaines années, la transition vers les énergies vertes pourrait réduire considérablement la demande de pétrole. Toutefois, il s'agira d'une perte de vitesse progressive et non précipitée, comme en témoignent les statistiques actuelles sur le volume d'électricité produite à partir de supports neutres en carbone. Actuellement, ce chiffre n'atteint même pas 30% de la production mondiale totale.
En outre, les experts de Wood Mackenzie n'ont pas tenu compte du fait que le pétrole est une source d'énergie épuisable. Cela signifie qu'au fur et à mesure de l'épuisement des réserves, le prix du pétrole ne fera qu'augmenter, même en dépit des facteurs négatifs qui poussent habituellement le pétrole à des niveaux records. Il est fort probable que l'OPEP+ ne laissera pas le marché pétrolier s'effondrer. Les membres de l'alliance continueront à adhérer à la politique de réduction de la production afin d'éviter une chute drastique du pétrole.