Les données publiées aujourd'hui sur la croissance de l'inflation dans la zone euro n'ont pas réussi à soutenir la monnaie européenne. L'examen du crédit bancaire de la BCE n'a fait qu'ajouter de l'huile sur le feu, exerçant une pression supplémentaire sur l'EUR/USD. Dans la paire avec le dollar, l'euro a affaibli ses positions, chutant au niveau de support de 1,0960 (la ligne moyenne de l'indicateur Bollinger Bands sur le graphique quotidien). Le billet vert, quant à lui, affiche une attitude combative : l'indice du dollar américain dérive autour de la barre des 102, atteignant des sommets de trois semaines.
Les traders sont clairement nerveux à l'approche des événements clés de cette semaine : la Réserve fédérale publiera les résultats de sa réunion de mai demain, suivie par la Banque centrale européenne après-demain. Dans de telles conditions, il est difficile de parler d'une dynamique de prix stable, car les banques centrales peuvent "redessiner" considérablement le tableau fondamental de la paire. Malgré le fait que les experts ont cristallisé une opinion générale sur les résultats possibles des prochaines réunions de la Fed et de la BCE, l'incertitude persiste. Et comme la Banque de réserve d'Australie l'a clairement démontré aujourd'hui, les banques centrales sont encore capables de surprendre avec leurs décisions inattendues.
Rapport sur la croissance de l'inflation européenne
Aujourd'hui, deux publications importantes ont été annoncées en Europe. Eurostat a publié des données sur la croissance de l'inflation dans les pays de la zone euro pour avril, et la BCE a publié son rapport sur le crédit bancaire.
Il s'est avéré que l'indice général des prix à la consommation, après une baisse active de 5 mois, a de nouveau augmenté en avril pour atteindre 7,0% (en mars, l'indice a atteint un minimum annuel de 6,9%). Cependant, l'indice des prix à la consommation de base, hors énergie et produits alimentaires, a montré une dynamique minimale mais néanmoins à la baisse. Après 9 mois consécutifs de croissance (en mars, l'indice a atteint 5,7%), l'indice est tombé à 5,6%. Tous les résultats ont été conformes aux estimations prévisionnelles.
La structure de la publication indique que le coût des énergies dans la zone euro a augmenté de 2,5% en avril après une baisse de 0,9% en mars. La croissance des prix des services a accéléré à 5,2% (contre 5,1% en mars). L'augmentation des prix des produits alimentaires, de l'alcool et du tabac a ralenti à 13,6% (contre 15,5% en mars), pour les biens industriels, elle a ralenti à 6,2% (contre 6,6%). L'inflation annuelle la plus élevée en avril a été enregistrée en Lettonie (15%), en Slovaquie (14%) et en Lituanie (13,3%). Les taux de croissance les plus faibles ont été enregistrés au Luxembourg (2,7%), en Belgique (3,3%) et en Espagne (3,8%).
Il convient de rappeler que les représentants de la BCE ont précédemment déclaré que lors de la réunion de mai, le régulateur choisirait entre deux options : une augmentation de 25 points de base ou de 50 points de base. Cependant, de nombreux membres de la banque centrale ont précisé que la taille du pas dépendrait "dans une large mesure de l'inflation de base d'avril". Cela a été déclaré, entre autres, par le chef de la banque centrale d'Autriche, Robert Holzmann, et le président de la banque centrale de Belgique, Pierre Wunsch. La présidente de la BCE, Christine Lagarde, a également exprimé à plusieurs reprises sa préoccupation quant à la dynamique de l'inflation de base.
C'est pourquoi le fait que l'IPC de base ait ralenti à 5,6% par rapport au record de 5,7% pourrait dissuader la Banque centrale européenne de procéder à une nouvelle augmentation de taux de 50 points de base. Il convient également de rappeler que le rapport sur l'indice des prix à la consommation allemand publié la semaine dernière est sorti dans la "zone rouge", reflétant un ralentissement de l'inflation en Allemagne. En particulier, l'IPC annuel, que la BCE préfère utiliser pour mesurer l'inflation, est tombé à 7,6% en avril, alors que la plupart des experts prévoyaient une hausse à 7,8%.
Examen du crédit bancaire
Aujourd'hui, la Banque centrale européenne a également publié un rapport important : l'examen du crédit bancaire (BLS). Selon les conclusions du rapport, 38% des banques de la zone euro ont signalé une baisse de la demande de crédit de la part des entreprises au premier trimestre de cette année.
La BCE a constaté que l'accès au financement de détail et de gros s'était "considérablement" détérioré. Le nombre de demandes de prêt rejetées par les banques a atteint son plus haut niveau depuis que le régulateur a commencé à compiler des statistiques à cet égard (c'est-à-dire depuis 2015). Le rapport indique que le niveau général des taux d'intérêt "a été le principal facteur de la baisse de la demande de crédit dans un contexte de resserrement de la politique monétaire".
Rappelons que fin avril, le chef économiste de la Banque centrale européenne, Philip Lane, a déclaré que le rythme et l'ampleur de la hausse dépendraient des données disponibles, notamment de l'évolution de l'inflation et des résultats de l'examen du crédit bancaire.
Conclusions
Comme nous le voyons, les deux rapports publiés aujourd'hui ne sont pas en faveur de l'euro. La paire eur/usd a chuté à 1,0943, et l'indice Euro Stoxx 50 a ensuite tourné vers le sud, reflétant l'impact négatif sur l'appétit pour le risque.
Cependant, malgré cette combinaison de facteurs fondamentaux, les ventes sur la paire restent risquées. À mon avis, à court terme (jusqu'à l'annonce des résultats de la réunion de la Fed en mai), la paire ne quittera pas la fourchette de 1,0960-1,1070, dans laquelle elle se négocie depuis deux semaines. Par conséquent, il est judicieux de prendre une position d'attente sur la paire pour le moment : au cours des deux prochains jours, le pendule peut osciller dans le sens du dollar ou de l'euro.
