Qu'est-ce que c'était, pourquoi la livre a chuté alors que la Banque d'Angleterre a augmenté les taux de 50 pb et reste agressivement orientée en raison de l'inflation record. Examinons les raisons.
Soit dit en passant, le récent affaiblissement de la livre britannique a soulevé des questions quant à savoir s'il s'agissait d'un résultat de réduction de positions liées à la stabilisation des marchés des changes en fin de mois.
Les gestionnaires de fonds ajustent souvent leurs portefeuilles à la fin du mois en tenant compte des fluctuations des taux de change, ce qui peut entraîner des variations importantes des taux de change.
Si tel est le cas, les hypothèses selon lesquelles la monnaie britannique pourrait connaître une baisse plus marquée pourraient être prématurées.
La réorientation technique de ces derniers jours a peut-être été particulièrement marquée à l'approche du nouveau trimestre et de la seconde moitié de l'année.
Le récent affaiblissement de la livre pourrait être dû à une simple prise de bénéfices, les traders réduisant leurs positions longues après la récente augmentation de la livre, estiment les analystes de Reuters.
À l'approche du week-end, la paire GBP/USD a augmenté de 0,7%, dépassant ainsi les 1,2700.
La livre reste forte
Le rallye s'est arrêté lorsque la livre sterling a atteint des sommets par rapport aux principales devises mondiales. Des maximums de plusieurs mois ont été enregistrés par rapport à l'euro et au dollar, ainsi que des maximums de plusieurs années par rapport au dollar néo-zélandais, au dollar australien et au yen.
Les investisseurs dans le secteur de la livre montrent un optimisme record depuis 2014, en augmentant leurs positions longues.
Cette croissance confiante soulève des questions sur la possibilité d'une correction, en particulier si l'on considère que la récente baisse de la livre ne pourrait être qu'une correction temporaire.
Le principal stratège monétaire de Scotiabank confirme que les traders optimistes continuent d'augmenter activement leurs positions longues sur la livre sterling.
Cependant, en plus de l'aspect technique de la question, il existe des raisons économiques solides pour être optimiste. Une récente étude du baromètre des affaires de Lloyds a révélé que le niveau d'optimisme des principales structures commerciales au Royaume-Uni atteignait son plus haut niveau en 13 mois.
Cette tendance positive est confirmée par les résultats de l'enquête GfK, qui ont indiqué une augmentation de la confiance des consommateurs pour le cinquième mois consécutif. Lloyds souligne que la confiance des entreprises s'est rétablie après une baisse précédente, enregistrant une croissance au cours des quatre derniers mois.
L'indice de confiance global a augmenté de 9 points, ce qui représente la plus forte augmentation mensuelle depuis mars, atteignant un maximum de 37% en 13 mois.
Les risques de récession
Malgré les inquiétudes croissantes concernant la situation économique au Royaume-Uni, avec certaines prévisions évoquant une possible récession, l'économie britannique continue de faire preuve de résilience.
Capital Economics déclare que bien que l'économie soit solide, la réduction du coût du crédit pourrait la conduire à une crise.
La hausse des taux d'intérêt peut freiner l'activité, ce qui, à son tour, réduira les dépenses de consommation réelles et les investissements privés. Cependant, selon les données de Lloyds, la croissance de l'activité commerciale et l'optimisme accru quant aux perspectives économiques peuvent servir de remède à toute éventuelle récession.
Il est également signalé une augmentation du niveau d'emploi, qui se poursuit depuis les sept derniers mois. Cela indique une pression sur le marché du travail britannique, qui à son tour soutient le niveau des salaires.
Cette situation peut poser problème pour la Banque d'Angleterre qui s'efforce de réduire la pression sur le marché du travail et de contrôler l'inflation en augmentant les taux d'intérêt à 5%. Néanmoins, la livre peut rester stable tant que les données ne se détériorent pas.
Les investisseurs internationaux, qui s'attendent à une augmentation des taux directeurs de la Banque d'Angleterre à 6%, pourraient entraîner une augmentation de la demande d'obligations britanniques à haut rendement. Cet effet, connu sous le nom de "carry trading", pourrait contribuer à renforcer la livre sur le marché des changes.
Diminution par rapport à l'euro
Avec l'arrivée de juillet, la livre sterling sera particulièrement vulnérable à une baisse temporaire par rapport à l'euro, car les investisseurs revoient leurs attentes concernant le pic potentiel des taux d'intérêt de la Banque d'Angleterre, proche de 6%.
"Bien sûr, la livre a été soutenue par des données inattendues sur les salaires et l'inflation. Cette année, elle est la monnaie la plus performante du G10. Cependant, son potentiel de croissance devient de plus en plus limité", estime la HSBC.
Les stratèges en devises espèrent tirer profit de tout désappointement concernant les données économiques du Royaume-Uni et des attentes de baisse des taux d'intérêt de la Banque d'Angleterre en vendant la livre sterling contre l'euro.
D'après les études, la paire EUR/GBP est plus sensible aux attentes de taux d'intérêt relatifs entre le Royaume-Uni et la zone euro que GBP/USD aux attentes entre les États-Unis et le Royaume-Uni.
Ainsi, HSBC a récemment ouvert une transaction tactique pour acheter EUR/GBP dans le but d'atteindre 0,8750.
Le contexte macroéconomique à court terme semble plus complexe. Étant donné que l'inflation au Royaume-Uni reste relativement élevée, cela devrait freiner la livre sterling.
Les experts de HSBC envisagent une baisse de la livre sterling à 1,2300 par rapport au dollar américain d'ici la fin de l'année. À la fin de 2024, avec la baisse de l'inflation, les analystes prévoient une légère reprise de la livre sterling, jusqu'à 1,2800.
