Les investisseurs ont abandonné la stratégie "Vendre l'Amérique" qui avait émergé après l'imposition de tarifs douaniers par la Maison-Blanche, pour adopter "Acheter l'Amérique" suite aux développements positifs dans les relations commerciales entre les États-Unis et la Chine. Alors que le S&P 500 avait commencé à grimper dès le mois d'avril, le dollar s'est retenu jusqu'au dernier moment, attendant l'issue des négociations entre Washington et Pékin. Ce n'est qu'alors que les baissiers sur l'EUR/USD ont lancé une offensive rapide.
Avant la visite de son équipe en Suisse, Donald Trump a suggéré qu'une réduction des tarifs douaniers sur la Chine à 80% serait une solution équitable. Des rumeurs sur le marché laissaient entendre que les taux pourraient descendre à 60%, mais personne ne s'attendait à une réduction à 30%. Néanmoins, les droits de douane sur les importations américaines ont chuté de 145% à 30%, et sur les marchandises chinoises de 125% à 10%. Bien que le cessez-le-feu soit limité à 90 jours, Scott Bessent a noté que la trêve pourrait être prolongée.
Les pires craintes qui avaient provoqué les ventes de dollars—les préoccupations de récession—ont été mises de côté, et l'EUR/USD a rapidement baissé. Les investisseurs se sont également rappelé comment le même Secrétaire au Trésor avait souligné l'importance d'un dollar fort, et comment Donald Trump avait renoncé à l'idée de licencier Jerome Powell comme président de la Fed pour éviter de nuire à la monnaie américaine.
Performance de l'Euro par rapport au Dollar Américain Depuis le Début de l'Année
Ce changement de ton de la part de la Maison-Blanche a une autre motivation. L'EUR/USD a connu son meilleur début d'année depuis 2003, entraînant une baisse de l'indice du dollar et des risques accrus d'inflation. En revanche, des prix excessivement élevés augmentent la probabilité que la Fed maintienne son taux des fonds fédéraux actuel, ce qui devrait soutenir le dollar.
Du moins, c'est l'avis de Crédit Agricole, qui a rejoint le camp baissier sur l'EUR/USD. Selon la banque, les rumeurs concernant la perte par le dollar américain de son statut de principale monnaie de réserve mondiale sont largement exagérées. De plus, l'assouplissement des conditions financières soutient les actifs émis par les États-Unis et donne à la Fed la possibilité de retarder le redémarrage de son cycle d'assouplissement monétaire.
Performance des actions mondiales vs. américaines
Cependant, le flux de capitaux quittant les États-Unis pour se diriger vers d'autres pays au nom de la diversification de portefeuille ne peut pas être facilement stoppé. Au cours de la dernière décennie, les capitaux ont massivement circulé de l'Europe vers l'Amérique du Nord. Mais avec le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, l'imposition par le 47ème président de larges tarifs douaniers et le stimulus fiscal de l'Allemagne, les indices boursiers européens commencent à surperformer ceux des États-Unis, bénéficiant à l'euro.
Pour la première fois en trois ans, le risque de retournement sur 12 mois de la paire de devises majeure (EUR/USD) a dépassé le risque sur 1 mois, indiquant la durabilité de la tendance haussière.
L'EUR/USD forme un modèle "Spike and Ledge" sur le graphique journalier. Conserver les positions courtes ouvertes à partir de 1.128 et 1.1225 est logique. Leur sort dépendra du test du support au niveau pivot de 1.1165. Une cassure justifierait l'ajout de positions courtes ; un rebond indiquerait de retourner la position et de prendre des positions longues.
