La paire EUR/USD reste sous pression : pour la deuxième semaine consécutive, les traders baissiers ciblent le niveau de support à 1,1550, qui correspond à la ligne inférieure des Bandes de Bollinger sur l'échelle de temps D1. La raison principale de cette dynamique de prix est l'escalade des tensions entre les États-Unis et la Chine. La guerre commerciale continue de s'intensifier, le sentiment de risque augmente, et le dollar américain, considéré comme une valeur refuge, est de plus en plus demandé.
Une pression supplémentaire sur la paire provient des résultats de l'enquête ZEW, qui ont basculé de manière inattendue dans la "zone rouge". Toutefois, à notre avis, les participants du marché ont peut-être jugé trop hâtivement.
L'indice de sentiment économique allemand s'est établi à 39,3, alors que les analystes avaient prévu une hausse à 40,5. Le résultat est quelque peu contradictoire. D'un côté, il n'a pas atteint les prévisions et se trouve en territoire négatif. De l'autre, l'indice est en augmentation pour le deuxième mois consécutif—après une forte baisse en août à 34,7, il a augmenté à 37,3 en septembre puis à 39,3 en octobre. Cela indique la formation d'une tendance haussière et une certaine amélioration modérée de la confiance des entreprises. Notamment, l'optimisme croît dans les industries orientées vers l'exportation telles que la métallurgie, la pharmacie, l'ingénierie et la fabrication d'équipements électriques, grâce à un rebond de la demande—en particulier en provenance de Chine.
Cependant, l'indice des conditions actuelles du ZEW pour l'Allemagne a chuté à –80, perdant 3,6 points par rapport à septembre au lieu de s'améliorer à –75 comme prévu. Ce résultat reflète une détérioration des perceptions de l'environnement économique actuel, probablement influencée par la reprise de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, dont les effets se feront sans aucun doute sentir dans la zone euro.
L'indice de sentiment économique ZEW agrégé de la zone euro a également diminué en octobre, atteignant 22,7, tandis que les analystes s'attendaient à une hausse à 30,2. C'est la lecture la plus faible depuis mai de cette année.
En résumé, l'Allemagne, moteur économique de l'Europe, montre une amélioration modérée des attentes et de l'optimisme des investisseurs, tandis que le sentiment global de la zone euro faiblit face à une incertitude et à un risque croissants.
Ce tableau mitigé permet à la Banque Centrale Européenne d'adopter une approche attentiste, d'autant plus que l'inflation en Allemagne augmente ainsi que l'IPC dans la zone euro.
Cependant, les traders de l'EUR/USD ont interprété la publication du ZEW de manière négative pour l'euro : la monnaie unique a faibli non seulement face au dollar américain mais aussi dans de nombreuses paires croisées (comme l'EUR/CHF et l'EUR/JPY).
Le principal moteur de la baisse de la paire demeure l'escalade de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, qui a renforcé l'aversion au risque et accru la demande pour le dollar, valeur refuge—en dépit de la fermeture (de 14 jours) du gouvernement américain et des attentes de plus en plus "accommodantes" concernant les actions à venir de la Fed.
Donald Trump a annoncé l'introduction de tarifs additionnels de 100 % sur les marchandises chinoises en réponse aux nouvelles restrictions à l'exportation de la Chine sur les terres rares et les aimants. La Chine domine l'offre mondiale de ces ressources, représentant environ 90 % des exportations mondiales de métaux rares et plus de 90 % de la production mondiale d'aimants. Ces matériaux sont essentiels pour une large gamme de technologies—des smartphones et gadgets de consommation aux véhicules électriques et avions de chasse. Ainsi, la Maison Blanche a perçu la décision de la Chine comme une menace pour la sécurité nationale des États-Unis, et la réponse de Trump a été, sans surprise, sévère.
Il est intéressant de noter que, il y a deux jours, Trump a publié un message conciliant sur les réseaux sociaux, déclarant que "tout ira bien avec la Chine" et que Xi Jinping "ne veut pas plonger son pays dans une Grande Dépression". Malgré ce ton amical, le message était essentiellement un ultimatum : soit Pékin revient sur sa décision, soit Washington applique un embargo sur les produits chinois.
La Chine, sans surprise, a rejeté "la main tendue de l'amitié", affirmant que si les États-Unis veulent se battre, "alors la Chine se battra jusqu'au bout". Bien que les deux parties aient officiellement laissé la porte ouverte aux négociations, les actions réelles pointent vers une intensification de la confrontation.
Par exemple, à partir d'aujourd'hui, les États-Unis et la Chine ont introduit de nouveaux frais portuaires réciproques. Les navires appartenant à des entreprises américaines ou avec plus de 25 % de capitaux américains seront facturés 56 dollars par tonne nette à l'entrée des ports chinois. Ces tarifs doivent augmenter : à 90 dollars à partir du 17 avril 2026 et à 125 dollars à partir du 17 avril 2027. De plus, le ministère chinois du Commerce a annoncé des sanctions contre cinq filiales américaines du géant sud-coréen du transport maritime Hanwha Ocean, les accusant d'aider aux restrictions américaines sur les secteurs maritimes de la Chine (construction navale et logistique).
Comme nous pouvons le voir, la machine de la guerre commerciale continue de tourner, alimentant le sentiment de risque et soutenant la demande pour le dollar américain.
Cependant, envisager des positions courtes sur l'EUR/USD n'est conseillé que si les vendeurs parviennent à casser le niveau de support à 1,1550 (la ligne inférieure des bandes de Bollinger sur le graphique D1), qui a jusqu'à présent résisté à la pression baissière (la paire testant cette cible depuis deux semaines consécutives). Une rupture en dessous de ce niveau ouvrirait la voie à une nouvelle baisse, avec comme cible baissière suivante 1,1480 (la ligne inférieure des bandes de Bollinger sur le graphique hebdomadaire).
