Jeudi, la paire EUR/USD teste le niveau de résistance clé de 1,1660, qui correspond à la ligne médiane de l'indicateur des Bandes de Bollinger sur l'horizon temporel hebdomadaire (W1). La paire grimpe régulièrement, et pas uniquement en raison de la faiblesse généralisée du dollar américain. L'euro joue également son rôle, réagissant positivement aux récents développements politiques en France.
Mais d'abord, abordons une question clé : pourquoi le dollar s'affaiblit-il ? Il n'y a pas si longtemps, le dollar américain était fortement demandé comme actif refuge, mais au cours des trois derniers jours, l'indice du dollar américain a connu une baisse constante. Les principales paires de devises liées au dollar ont évolué en conséquence. En particulier, les vendeurs de l'EUR/USD n'ont pas réussi à briser le niveau de support de 1,1550, après quoi les acheteurs ont pris le contrôle de la paire. Ce changement est survenu le 14 octobre, juste après le discours du président de la Réserve fédérale, Jerome Powell. Les haussiers du dollar ont réagi négativement au ton du leader de la Fed, car il a souligné des signes de ralentissement du marché du travail américain et a essentiellement signalé une réduction de taux lors de la réunion d'octobre.
Il convient de noter que même avant les remarques de Powell, le marché s'attendait déjà à ce que la Fed procède à une baisse de taux de 25 points de base ce mois-ci. Désormais, les traders sont convaincus qu'une autre baisse suivra en décembre, un scénario qui paraissait incertain encore récemment. Actuellement, la probabilité d'une baisse de taux en octobre est évaluée à 97 % (selon l'outil CME FedWatch), tandis que la probabilité d'une baisse supplémentaire en décembre est de 94 %. Cela en dit long, inutile de le dire. De plus, le marché attribue maintenant une chance de 50 % pour une autre baisse en janvier, portant la réduction totale attendue à 75 points de base.
Seules les données de l'emploi non agricole de septembre et les données sur l'inflation pourraient confirmer ou contester ces attentes, mais en raison du shutdown du gouvernement, leur publication a été indéfiniment reportée. La seule exception est l'indice des prix à la consommation (CPI), prévu pour le 24 octobre. S'il reflète une stagnation ou un ralentissement de l'inflation, le dollar subira une pression supplémentaire, renforçant les attentes d'une réduction de taux de 50 points de base d'ici la fin de l'année.
Le shutdown en cours du gouvernement américain joue également un rôle significatif dans l'affaiblissement du dollar. Entré dans son 16ème jour, le blocage coûte à l'économie américaine environ 15 milliards de dollars par semaine en PIB perdu, selon la Maison Blanche. Chaque jour d'inactivité est un coup indirect porté au dollar. Et avec les démocrates et les républicains refusant de faire des compromis, ce shutdown pourrait devenir l'un des plus longs de l'histoire.
Parallèlement, en France, la crise politique a finalement trouvé une résolution : les législateurs ont rejeté un vote de censure contre le gouvernement du Premier ministre Sébastien Lecornu. Bien que ce ne soit qu'une trêve temporaire dans les tensions politiques, l'euro a réagi positivement à cette nouvelle.
En bref, Lecornu, un proche allié du président Emmanuel Macron, avait initialement démissionné après seulement 27 jours en fonction en raison de désaccords avec le parlement. Macron l'a réintégré au poste de Premier ministre, avertissant qu'un vote de censure entraînerait la dissolution du parlement et des élections anticipées. Finalement, Lecornu a évité une seconde démission, principalement en acceptant de reporter la réforme des retraites impopulaire.
D'une part, ce n'est pas une fin heureuse, car les problèmes de fond de la crise politique restent sans solution. Le parlement demeure fragmenté, sans majorité claire, et l'extrême droite ainsi que certaines factions de gauche continuent de demander une réinitialisation du gouvernement. D'autre part, Macron a évité le scénario politique le plus négatif — y compris pour l'euro — en évitant des élections anticipées qui auraient pu renforcer les forces de droite avec des conséquences incertaines.
Une pression supplémentaire sur le dollar est venue de la publication de l'indice manufacturier de la Fed de Philadelphie, qui est tombé de manière inattendue à -12,8 points en octobre. La plupart des analystes avaient prévu une croissance à 8,6. Cette baisse marquée souligne une chute significative de l'activité industrielle à Philadelphie et dans les régions environnantes.
Pris dans leur ensemble, ces éléments de fond favorisent une nouvelle hausse de l'EUR/USD. Cependant, il est conseillé de considérer des positions longues seulement après que la paire ait franchi de manière solide le niveau de résistance de 1,1660, qui coïncide avec la limite supérieure du nuage Kumo sur le graphique H4 et avec la ligne médiane des Bandes de Bollinger sur le cadre temporel W1. La paire a tenté à plusieurs reprises jeudi de franchir et de maintenir ce niveau, mais à ce jour, ces tentatives ont échoué. Par conséquent, les positions longues ne deviendront pertinentes que lorsque les haussiers de l'EUR/USD auront finalement surmonté ce niveau et s'y seront consolidés. Dans ce cas, les prochaines cibles haussières seront de 1,1690 (Bande de Bollinger supérieure sur le cadre temporel H4) et de 1,1730 (ligne Kijun-sen sur le cadre temporel D1).
