La paire EUR/USD a quitté le prix le plus bas sur plusieurs mois (1,1513) et s'est établie au milieu de la zone des 1,15. De solides données sur les emplois non agricoles ont provoqué une impulsion à la baisse pour la paire, mais n'ont pas aidé les baissiers de l'EUR/USD à entrer dans la zone des 1,14 afin de changer définitivement la gamme de prix. Par conséquent, les traders ont dû rester dans la même fourchette, entre les lignes supérieure et inférieure de l'indicateur des bandes de Bollinger sur l'échelle de temps D1 (1,1530-1,1600). Toutefois, le retrait tactique des vendeurs ne peut être considéré comme une défaite : à mon avis, l'humeur baissière prévaut toujours pour la paire EUR/USD. Il suffit d'une poussée informationnelle supplémentaire pour que les traders s'approchent à nouveau des frontières du niveau de 1,14.
Il est immédiatement nécessaire de noter que malgré le fait que le rapport macroéconomique central de la semaine est un rapport sur la croissance de l'inflation américaine (mercredi, 12h30 temps universel), l'attention de nombreux traders et experts est maintenant concentrée sur l'attente d'un autre événement. Il s'agit de savoir qui prendra la présidence de la Fed pour les quatre prochaines années. Le mandat de quatre ans de Powell s'achèvera en février prochain, mais la question du successeur de Joe Biden doit être tranchée maintenant afin que les membres du Congrès aient le temps d'examiner cette question cruciale de personnel et d'approuver (ou non) la candidature proposée dans les mois à venir.
On peut rappeler que Powell a été nommé au poste de président de la Fed en 2017. C'est lorsque le président américain Donald Trump a décidé de ne pas prolonger les pouvoirs de la chef Janet Yellen. Et selon le scénario de base, Powell sera reconduit à ce poste. Son principal concurrent est Lael Brainard, qui adhère à des vues plus hawkish. Le chef de la Maison Blanche retarde l'examen de cette question - on s'attendait à ce qu'il prenne une décision appropriée à la fin du mois d'octobre, mais cela ne s'est pas produit. La semaine dernière, M. Biden a refusé de répondre à une question des journalistes sur la question de savoir si les pouvoirs du chef de la Fed seront étendus ou si un nouveau candidat leur sera proposé. Le président américain a déclaré que cette question était toujours en cours de discussion. Et pas plus tard qu'hier, des journalistes du Wall Street Journal, citant leurs sources, ont rapporté que M. Biden a tenu des réunions avec M. Powell et Mme Brainard le même jour.
En d'autres termes, l'intrigue persiste. Si la balance penche toujours du côté de Brainard, le dollar américain bénéficiera d'un soutien important, compte tenu de son attitude hawkish. L'option avec Powell sera très probablement perçue comme très modérée. Le président américain devrait prendre une décision cette semaine.
Si nous parlons de rapports macroéconomiques, alors, comme mentionné ci-dessus, toute l'attention des traders sera concentrée sur la publication de l'inflation. Selon les prévisions préliminaires, l'inflation américaine affichera à nouveau une croissance, poursuivant les tendances de ces derniers mois. Ainsi, l'indice global des prix à la consommation en termes annuels devrait augmenter à 5,8%. Si cet indicateur se situe réellement à ce niveau (ou plus), un record de 30 ans sera alors mis à jour : la dernière fois que l'IPC a atteint de tels sommets remonte au printemps 1991. L'indice de base des prix à la consommation, qui exclut les prix de l'alimentation et de l'énergie, devrait également afficher une dynamique positive (0,4% en glissement mensuel, 4,3% en glissement annuel).
Après les résultats de la dernière réunion de la Fed, Jerome Powell n'a hypothétiquement pas exclu la possibilité d'une hausse des taux d'intérêt. Il a souligné que la croissance de l'inflation est très probablement temporaire et que, par conséquent, la Fed a l'intention d'être patiente sur la question des taux. Mais dans le même temps, il a ajouté que le régulateur "est prêt à prendre des mesures si la hausse des prix l'exige." Selon plusieurs experts, la Banque centrale devra tout de même admettre à un moment donné que l'inflation n'est pas temporaire. Si les publications d'inflation continuent de battre des records, les attentes faucons vont croître rapidement, même malgré les commentaires dovish de certains représentants de la Fed. Après tout, la prochaine poussée inflationniste se produira dans le contexte de la croissance du marché du travail. Selon les derniers rapports non agricoles, le nombre de personnes employées dans le secteur non agricole a augmenté de 531 000 en octobre - il s'agit du plus fort taux de croissance depuis juillet de cette année. Le taux de chômage est tombé à 4,6% (le meilleur résultat depuis avril 2020). Les taux de croissance des salaires (0,4% en glissement mensuel et 4,9% en glissement annuel) n'ont pas non plus déçu.
Dans ce cas, toute l'attention se porte sur l'inflation américaine. Tous les autres rapports macroéconomiques de cette semaine seront secondaires.
Les commentaires des membres de la Fed et de la BCE pourraient également accroître la volatilité de la paire. Le président de la Fed devrait s'exprimer aujourd'hui (bien que le sujet du discours soit quelque peu éloigné de la politique monétaire - "Gender and Economics"). Michelle Bowman, Charles Evans, John Williams et Richard Clarida exprimeront également leur position. Entre-temps, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, et la représentante de la Fed, Mary Daly, s'exprimeront mardi. Vendredi, l'économiste en chef de la BCE, Philip Lane, et le membre de la Fed, John Williams, feront également un discours.
Nous pensons que le sentiment baissier continuera de prévaloir pour la paire, surtout si la publication de l'inflation ne déçoit pas les investisseurs (c'est-à-dire qu'elle sortira au moins au niveau des prévisions, sans parler de la "zone verte"). La divergence des taux de la Réserve fédérale et de la Banque centrale européenne se précise, et ce fait exercera une pression de fond sur la paire EUR/USD. Par conséquent, il est conseillé d'utiliser toute poussée corrective pour ouvrir des positions courtes avec pour objectif principal 1,1530 - il s'agit de la ligne inférieure de l'indicateur des bandes de Bollinger sur l'échelle de temps D1.
