Le Canada a pris l'un des engagements climatiques les plus ambitieux au monde. C'est également le quatrième plus grand producteur de pétrole au monde, dont les revenus de vente représentent 5% du PIB du pays
Le Canada s'est engagé à réduire ses émissions de 40 à 45% d'ici à 2030 par rapport aux niveaux de 2005.
Mais dans le même temps, la production de pétrole devrait augmenter de 18% d'ici 2030, comme l'a récemment rapporté le Financial Times, citant le régulateur canadien de l'énergie. Au total, cela représenterait environ 4 millions de barils de pétrole brut par jour.
Lors du sommet de la COP26 en novembre dernier, le premier ministre Justin Trudeau s'est officiellement engagé à imposer une limitation des émissions de l'industrie pétrolière canadienne.
Le directeur général de l'un des principaux producteurs de pétrole au Canada, Cenovus, a récemment déclaré que la société ne s'opposait pas à la limitation des émissions si le gouvernement comprenait que cela ne se produirait pas du jour au lendemain.
L'extraction des sables bitumineux est la plus intense en termes d'émissions. Et cette industrie a été fortement critiquée pour son empreinte carbone, ce qui l'a finalement poussé à agir, en particulier parce que la forte demande de pétrole, malgré la pandémie, a augmenté ses bénéfices nets, libérant plus d'argent pour investir dans la production et la réduction des émissions.
Les investissements dans la réduction des émissions devront également augmenter. Le plan de réduction des émissions du gouvernement fédéral pour l'industrie pétrolière et gazière comprend la réduction des émissions maximales autorisées tous les cinq ans.
En décembre dernier, l'autorité de régulation de l'énergie du Canada a estimé que la production totale de pétrole du pays pourrait atteindre un sommet d'ici 2032. La valeur maximale est de 5,8 millions de barils de pétrole et de condensat par jour. La production totale actuelle de pétrole est d'environ 5 millions de barils par jour, y compris les sables bitumineux, le pétrole traditionnel et le condensat.
Avec le lancement de nouvelles capacités de pipeline, la production augmentera encore plus. Cenovus et Suncor prévoient que la production augmentera de 4 à 5% cette année, pour atteindre respectivement 800 000 barils par jour et 770 000 barils par jour d'équivalent pétrole. Et comme la demande devrait rester forte, elle augmentera encore au cours des prochaines années.
Il est difficile de résister à la tentation du pétrole brut bon marché, dont une grande partie arrive à l'étranger, générant des bénéfices importants. Et sur la base de la position de Wilkinson exposée dans une interview avec le Financial Times, le Canada n'a pas l'intention de résister à cette tentation, même si sa position sur les émissions devient de plus en plus agressive.
Peut-être en raison de cette insistance à la fois sur la réduction des émissions et sur le maintien du flux de pétrole, le Canada pourrait être un exemple de bonne pratique. Bien sûr, cela ne se produira que si l'industrie et le gouvernement unissent leurs efforts pour réduire les émissions provenant de la production de pétrole et de gaz conformément aux engagements du gouvernement ou si le gouvernement fixe des objectifs que l'industrie juge plus réalistes. Dans tous les cas, des compromis seront nécessaires.
