La livre sterling a baissé de plus de 3% depuis le 13 juillet, date à laquelle elle a atteint ses plus hauts niveaux par rapport au dollar depuis avril 2022, aux alentours de 1,3140 dollar.
Le recul de la livre par rapport à ses pics de 15 mois est dû à une révision des attentes du marché concernant les taux d'intérêt au Royaume-Uni, après une baisse de l'inflation plus forte que prévu en juin dans le pays.
Par comparaison, en juillet, le marché monétaire a atteint un pic de taux bancaires légèrement supérieur à 6,5%, tandis que maintenant, le pic est attendu légèrement inférieur à 5,75%.
"Les acteurs du marché réévaluent le resserrement de la politique de la Banque d'Angleterre et semblent devoir encore abaisser leurs attentes", ont déclaré les stratèges de ING.
Les experts de la Mizuho Bank prévoient une nouvelle baisse de la livre à court terme.
"Nous pensons que l'économie britannique ralentira et que les attentes de la Banque d'Angleterre en matière de taux baisseront, ce qui exercera à son tour une pression sur la livre", ont-ils déclaré.
Les experts de la banque MUFG estiment également que la livre sterling continuera à afficher de faibles performances.
À leur avis, les attentes d'un durcissement de la politique monétaire du Royaume-Uni de 50 points de base supplémentaires sont excessives.
"Nous pensons qu'il est probable qu'il n'y ait qu'une autre augmentation des taux de 25 points de base", a déclaré la banque MUFG.
"Les signes de faiblesse sur le marché du travail et les récentes données sur les ventes au détail, montrant un ralentissement des dépenses des consommateurs, renforcent sans aucun doute les arguments selon lesquels la Banque d'Angleterre pourrait suspendre le cycle de resserrement", ont-ils ajouté.
Les données publiées lundi ont montré que les ventes au détail au Royaume-Uni sur 12 mois jusqu'à juillet ont augmenté de 1,8%, ce qui est nettement inférieur aux 4,2% du mois précédent et aux prévisions des économistes de 3%.
Les traders prévoient une probabilité d'environ 60% d'une hausse de 25 points de base du taux d'intérêt par la Banque d'Angleterre lors de sa prochaine réunion le 21 septembre, et une probabilité d'environ 40% de stabilité.
"La nouvelle orientation de la BoE confirme notre prévision selon laquelle la Banque d'Angleterre augmentera une fois de plus son taux d'intérêt en septembre, puis fera une pause", ont déclaré les analystes de Berenberg.
Les stratèges de la ING s'attendent toujours à une hausse des taux d'intérêt au Royaume-Uni en septembre, mais ils reconnaissent que la Banque d'Angleterre arrêtera sa campagne de resserrement le mois prochain.
"La pause n'est pas notre scénario de base, mais nous pensons que les investisseurs ont raison d'y penser", ont-ils déclaré.
"La BOE a souligné dans sa mise à jour de politique d'août qu'elle se dirige vers une politique axée non pas nécessairement sur le sommet des taux d'intérêt, mais sur le maintien des taux à des niveaux élevés. En d'autres termes, le régulateur visera à empêcher les marchés de commencer à abaisser les taux d'intérêt en 2024 et à maintenir des conditions de financement suffisamment strictes pour contenir les attentes d'inflation", ont déclaré les experts de la ING.
Apparemment, la Banque d'Angleterre ne veut pas imiter la Fed en insinuant des pauses dans le cycle de hausse des taux, tout en réagissant fortement aux attentes de baisse des taux, ont-ils souligné.
"La BoE deviendra probablement moins axée sur la question de savoir à quel niveau les taux d'intérêt doivent être et se concentrera de plus en plus sur le maintien des taux du marché (par exemple, pendant deux à trois ans) à un niveau élevé pendant une longue période après leur dernière augmentation", ont déclaré les experts d'ING.
Ils soulignent également qu'il y a deux rapports importants sur le marché du travail et l'inflation entre aujourd'hui et la réunion de la Banque d'Angleterre en septembre, qui pourraient inciter le régulateur à appuyer sur le bouton "pause".
Si l'inflation au Royaume-Uni passe de 7,9% à environ 6,7% en août et à 6,3% en septembre, et si la croissance des salaires ralentit de 7,7% à 7,2% en août et à 6,9% en septembre, la BoE pourrait choisir de faire une pause, selon ING.
Cependant, le scénario de base de la banque est que le régulateur britannique augmentera à nouveau les taux en septembre et les maintiendra en novembre, car la croissance des salaires devrait continuer à ralentir pour atteindre 6% d'ici la fin de l'année.
"Cela devrait probablement être le principal argument en faveur d'un maintien plus long des taux à un niveau élevé. En revanche, il n'y aura pas besoin d'augmenter les taux en novembre, car l'inflation continuera de baisser en raison de l'impact de la baisse des prix du gaz sur les entreprises et les ménages, exercant même une pression sur le composant durable de l'inflation dans le secteur des services", ont déclaré les analystes de ING.
"Nous nous attendons à ce que cette histoire devienne plus évidente d'ici novembre, et nous devrions voir une amélioration graduelle de l'offre de main-d'œuvre. Ainsi, notre scénario de base est que la Banque d'Angleterre augmentera à nouveau les taux en septembre, mais cela marquera la fin du cycle de resserrement", ont-ils ajouté.
En théorie, une position moins "faucon" de la BoE devrait réduire l'attrait de la livre sterling aux yeux des investisseurs.
Cependant, les stratèges de Barclays affirment que le niveau élevé d'inflation au Royaume-Uni est dû à une demande de consommation soutenue sur fond d'un marché du travail solide, ce qui pourrait maintenir les taux d'intérêt du pays à un niveau élevé pendant une période plus longue par rapport aux États-Unis, ce qui à son tour soutiendra la livre sterling.
"Le message clé de la Banque d'Angleterre est que les contraintes monétaires devraient probablement rester en vigueur pendant longtemps. Cela implique un soutien prolongé à la livre sterling grâce à des taux élevés (à la fois en termes absolus et par rapport à des devises similaires), même si le taux final sera probablement inférieur à ce qui était prévu il y a quelques semaines seulement", ont-ils indiqué.
Une évaluation plus large de Barcalys est que le problème de l'inflation au Royaume-Uni est un symptôme d'une demande soutenue sur fond de marché du travail tendu, et la réduction de l'offre globale de main-d'œuvre est conforme à cette évaluation.
Les spécialistes de la banque prévoient une légère augmentation de la livre sterling par rapport au dollar.
Jeudi, la paire GBP/USD est en train de repartir à la hausse et est sur le point de mettre fin à une série de deux jours de pertes, car les données d'inflation aux États-Unis sont plus douces que prévu, ce qui inverse certains récents succès du dollar.
D'après le Département du travail américain, l'inflation globale du pays a augmenté de 3,2% en glissement annuel en juillet, tandis que l'inflation sous-jacente a augmenté de 4,7%.
Les experts s'attendaient à une croissance du premier indicateur de 3,3% et du second de 4,8%.
"Si l'IPC de base aux États-Unis continue d'augmenter de 0,2% par mois, il ralentira encore davantage d'ici décembre (environ 3,5%). Compte tenu de la nature restrictive de la politique, la Réserve fédérale fera preuve de prudence quant à un resserrement excessif de la politique", ont déclaré les analystes de Scotiabank.
Les données d'août sur l'inflation seront publiées avant la prochaine réunion du FOMC, mais le communiqué actuel ne suggère aucune action de la part des fonctionnaires de la Réserve fédérale autre que le maintien des taux d'intérêt au niveau actuel.
Les données de juillet sur l'inflation aux États-Unis sont plus douces que prévu, ce qui stimule la hausse des indices boursiers américains, ce qui, à son tour, est favorable à la livre sterling, qui est une devise plus risquée que le dollar.
La livre sterling pourrait continuer à se renforcer par rapport à son homologue américain si les données sur le PIB britannique du deuxième trimestre, qui seront publiées vendredi, s'avèrent meilleures que prévu.
Selon les prévisions, l'indicateur restera stable par rapport au premier trimestre, mais augmentera de 0,2% en glissement annuel.
"Nous pensons que le risque de récession diminue et nous attendons une croissance trimestrielle du PIB britannique de 0,3% au troisième et au quatrième trimestre", ont déclaré les experts de Pantheon Macroeconomics.
Cependant, toute hausse de la livre sterling liée aux chiffres de la croissance économique enregistrés vendredi au Royaume-Uni est susceptible d'être limitée, compte tenu du rapport sur l'emploi qui sera publié mardi prochain, ainsi que de la publication des chiffres de l'inflation mercredi.
Le composant des salaires sera particulièrement important dans le premier cas, car il servira de base à la déclaration récente de la Banque d'Angleterre selon laquelle les taux d'intérêt au Royaume-Uni devraient rester plus élevés pendant une période plus longue en raison des tensions sur le marché du travail.
Entre-temps, les chiffres récents sur l'inflation permettront d'évaluer les chances que septembre soit la dernière hausse des taux de la BoE dans le cycle en cours.
Par conséquent, toute baisse des chiffres de l'emploi, conjuguée à des signes de pression sur les prix, pourrait entraîner une nouvelle baisse de la livre sterling.
D'autre part, un ensemble solide de données sur les salaires et l'inflation augmentera les chances d'une hausse des taux par la Banque d'Angleterre en novembre et offrira à la livre sterling l'opportunité de récupérer les positions récemment perdues.
Pour l'instant, la livre se renforce légèrement au cours de la journée, bien qu'elle reste à l'intérieur de sa récente fourchette de négociation, selon les économistes de Scotiabank. Le support le plus proche pour GBP/USD se situe entre 1,2695 et 1,2700. Ils soulignent également une résistance initiale autour de 1,2785-1,2795, puis au niveau de 1,2815.
