La parole est d'argent, le silence est d'or. Alors que le silence de la Réserve fédérale inquiète les marchés financiers, les responsables de la Banque centrale européenne continuent à parler de politique monétaire. Olli Rehn, membre du Conseil des gouverneurs de la BCE, a déclaré que la banque centrale avait déjà commencé à discuter de la réduction des taux de dépôt. Son collègue Yannis Stournaras estime que l'économie de la zone euro a connu un atterrissage en douceur. Oui, elle croît lentement, mais il n'est pas question de récession. Le vice-président de la BCE, Luis de Guindos, souligne qu'un marché du travail solide avec une croissance des salaires de 5 % et plus, malgré une faible productivité, pourrait raviver l'inflation.
Selon la Bank of America, l'amélioration progressive de l'économie de la zone euro face au ralentissement du PIB américain permettra aux investisseurs de jouer sur le thème de la convergence. Le rétrécissement de l'écart de croissance économique contribuera à une hausse de l'EUR/USD vers 1,15 et 1,20 d'ici la fin 2024 et 2025. Peut-être qu'un tel scénario aurait pu se concrétiser, mais pas maintenant. Le consensus des prévisions des experts de Bloomberg suggère que l'économie allemande entrera en récession au premier trimestre. Son PIB se contractera de 0,1 %.
Dynamique de l'économie allemande
Plus faible est l'économie, moins probable est le retour de l'inflation élevée. Si dans un passé récent, sa principale cause résidait dans un choc d'offre dû à des perturbations dans les chaînes d'approvisionnement, tout est différent aujourd'hui. Les salaires élevés sur un marché du travail tendu font grimper les prix des services. C'est là que la zone euro perd face aux États-Unis.
Aux États-Unis, l'emploi continue de croître à un rythme soutenu grâce à la technologie, à l'intelligence artificielle, à la croissance de la productivité et à la migration. Cela accroît les risques de divergence des indices d'inflation. C'est la croissance accélérée de ces indices en janvier et février qui a permis à la Fed de revoir ses prévisions de taux de décembre et de reporter le calendrier de l'expansion monétaire à une date ultérieure. Il n'est pas étonnant que les cotations EUR/USD soient tombées sous 1,09.
Dynamique des taux des banques centrales
Tout comme il y a une semaine, le marché était fixé sur le moment exact où la Réserve fédérale commencerait à assouplir sa politique monétaire, il est maintenant préoccupé par une autre énigme. Est-ce que le FOMC va modifier ses prévisions de taux? Deux actes d'expansion monétaire en 2024 au lieu des trois annoncés en décembre permettront aux baissiers de l'EUR/USD de lancer une nouvelle attaque.
À moyen terme, tout dépendra de la croissance économique. De la capacité de la zone euro à se rétablir. De la stabilité du PIB américain. Mais, franchement, en regardant ce qui se passe actuellement et la proximité des conflits armés en Ukraine et au Moyen-Orient avec la zone euro, on doute sérieusement que l'idée de convergence évoquée par la Banque d'Amérique fonctionnera.
Techniquement, sur le graphique journalier de l'EUR/USD, la mise en œuvre du schéma 1-2-3 se poursuit. Les taureaux ont tenté de jouer la barre doji et la contre-attaque, mais le niveau pivot à 1,0905 les a arrêtés. Tant que les cours restent en dessous, les traders devraient se concentrer sur les ventes et ajouter occasionnellement des positions courtes formées à partir de 1,0945.
